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jeudi 29 juin 2017
Paul Gogo le superhéros, un journaliste du système dans le Donbass
Bonjour à tous.
Je partage cet article d'un auteur souhaitant rester anonyme.
Bonne lecture.
Sébastien Hairon, volontaire bénévole et indépendant à Donetsk.
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Il ne s'agit pas d'une mauvaise plaisanterie, superhéros c'est le nom d'un postcart documentaire créé par un certain Julien Cernobori, anthropologue de formation, diplômé de l'institut d'études politiques...Un de plus, lui-même très ancré dans le système des médias officiels de propagande en France, frayant avec France inter, radio France, France 5, RFI, la liste est longue. Dans son projet "superhéros", Julien Cerbonori, donne la parole à divers personnages élevés au rang de héros de la société moderne. C'est le cas de Paul Gogo, pigiste ou stagiaire dans certains des pires médias Français, Libération, Ouest-France etc et qui fit deux missions dans le Donbass au printemps et à l'automne 2014. Retour et analyse sur les états d'âmes d'un journaliste en herbe.
Le postcart avec Paul Gogo
Durant environ 80 minutes Paul Gogo se livre avec sa naïveté désarmante habituelle, avec une certaine sincérité et beaucoup de détails personnels. L'intéressant de ce postcart c'est qu'il s'agit d'un document unique, aucun autre correspondant des journalistes du système ne s'est livré à cet exercice, aucun n'a finalement raconté son "travail" aussi longuement et précisément. Le journal Libération ose carrément mettre en avant le jeune Normand dans un titre ronflant "moi Paul Gogo reporter de guerre en Ukraine"...Le ton était donné le "moi je" redondant des carriéristes de toutes les rédactions françaises.
L'article de Libération sur Paul Gogo
Avec Paul Gogo, l'éternel adolescent aux aspirations romantiques, à la sincérité véritable, à la sensibilité attachante, il y aussi tout ce qui est révélé entre les lignes et c'est ici que tout le système journalistique s'éclaire encore un peu plus.
Un bon dernier de la classe...à la tête dure. Après s'être étalé sur sa vie privé, sa famille, ses origines, nous comprenons vite que Paul est un rêveur. Il rêve d'une grande carrière de reporter, de reporter de guerre, de liberté, chez lui les cadres pèsent, alors après avoir louper les événements du Maïdan, Paul s'envole en pleine année universitaire pour l'Ukraine, nous sommes au printemps 2014, mais il ne se passe plus rien à Kiev. Paul Gogo pousse alors vers le Donbass tout son récit d'une naïveté frisant parfois de bêtises, reste toutefois emprunt d'une grande honnêteté, du moins dans ses sentiments et ses intentions. Les 4 premières pistes du reportage nous emporte dans une ambiance "club des 5" lénifiante qui se réveille à partir de l'épisode suivant. Notre bon dernier de la classe qui n'a pas fait d'école de journalisme semble souffrir de cet "état" oubliant que justement c'est ici que se trouve toute sa force.
Les reporters de guerre lui avait dit de se blinder. Paul Gogo revient souvent sur ce fait, tournant en rond autour d'un manque de maturité, d'erreurs qu'il aurait faites, d'une empathie et d'une sensibilité trop forte pour faire ce métier. C'est ainsi qu'il nous parle étrangement de son insensibilité face au premiers cadavres, puis par bravade, lui qui n'aura pas passé plus de quelques heures sur la ligne directe de front et seulement quelques semaines dans le Donbass.
Relativement à l'abri de Donetsk cette grande ville, livre un son de fusillades et d'explosions d'obus. Cela suffit à son ego pour se s'autoproclamer "reporter de guerre". Pourtant le récit reste pauvre et même pitoyable , le voici "suiveur" et "agglutiné" à d'autres journalistes paumés comme lui, après une expédition ratée à Slaviansk, il rôde entre la morgue, les arrières de l'aéroport et avoue être resté terré au moins une semaine dans un appartement à regarder des films et boire de la vodka. Car la peur au ventre, un obus l'ayant "traumatisé", bien qu'il soit tombé bien loin de lui, et au milieu des rires de ses camarades, Paul n'aura pas vu grand chose. Le summum de son "expédition" sera l'enterrement de deux pauvres enfants tués par l'armée ukrainienne. Histoire qu'il ne pourra même pas publier...pour cause de censure de la rédaction de Libération.
L'aventure tourne au pathétique.
Des rédactions rétives de Paul, Paul raconte les civils massacrés par l'artillerie ukrainienne, mitraillés par les hélicoptères de l'armée, mais jamais il n'ose dénoncer, nous en resterons sur "c'est la faute à personne, c'est la faute à la guerre, la guerre c'est pas bien". Et Paul s'épanche quand même...deux ans après le voilà toujours sans travail, l'unique Donbass traumatique dans sa tête, tournant en rond "le retour à la case départ" comme il le dit lui-même. Ses paroles sincères amènent à une compassion à son égard, mais aussi à une certaine stupeur, il osera simplement dire "que 90% de son travail sera rester dans sa tête"...Et oui cher Paul les rédactions françaises ne sont pas friandes de récits véritables mais plutôt d'une instrumentalisation des faits pour des raisons politiques, pas question de dire la vérité. Pour lui tout se résume à cette phrase "on le sait c'est le jeu". Un jeu ? Vraiment ? Les morts du Donbass, ceux qu'il a vu et les milliers d'autres sont donc les victimes d'un jeu, celui de rédactions françaises qui refusent les articles d'un jeune homme certes non préparé et un tantinet inconscient mais dont on comprend bien la grande sincérité par rapport à ce qu'il peut bien avoir engrangé comme expérience à seulement 22 ou 23 ans.
Le vrai faux enlèvement de Paul Gogo.
Paul se retrouve donc au point mort, il affirme lui-même que les rédactions ne lui répondent pas, la frustration semble totale, lui qui avait sacrifié jusqu'à sa compagne, rupture qu'il qualifie de très douloureuse, pour venir ici suivre la guerre dans le Donbass. Il décrit ainsi avec une naïveté frisant le délire "son enlèvement par les séparatistes". Une heure et demie aux mains des soldats insurgés. Les quatre journalistes qui ont passé le plus de temps dans le Donbass, L.Brayard, C.Néant, S.Hairon et E.Castel entre un an et deux et demi raconte tous, même en ayant la confiance des autorités locales ce genre d'anecdotes d'arrestations pour suspicion. C'est le lot pour tous les reporters de guerre sur zone, au milieu d'un conflit moderne. Certaines de ces arrestations ont duré plus de quatre fois durant lequel Paul fut retenu. D'autre comme le Polonais D.Hudsiek sont même resté deux jours au cachot. C'est un impondérable de la guerre bien normal et inévitable, mais Paul comme souvent ramène les faits "à moi Paul Gogo".
Post trauma pour Paulo.
L'après-guerre de notre cher Paul semble dès lors bien amer, dormant mal, des cernes aux yeux que nous ne verrons pas, des cauchemars, aucune carrière brillante, aucun compte en banque bien rempli, pas de tapi rouge pour Paul et pourtant toujours pas d'analyse du pourquoi et comment.
A la fin de l'écoute, Paul pourtant laisse une dose de romantisme, un pan de vérité certes tronqué bien réel, une sincérité attachante voire émouvante. Mais ceci cache une mauvaise maîtrise de la langue russe, un âge trop jeune pour comprendre le conflit, des idées courtes d'une propagande ingurgitée dans son parcours scolaire, quelques voyages touristique en Russie, Paul est finalement resté à l'arrière, collé à d'autres journalistes littéralement perdus, ceux qui ont l'expérience du terrain savent bien que c'est ici la pire situation en zone de guerre: recréé un univers occidental familier, traîner ses guêtres dans les cafés, profiter et abuser de la bière, de la vodka, ne pas aller à la rencontre des faits mais attendre qu'ils viennent à vous...suffisant pour que Paul décrive son retour de guerre comme traumatisant et le mette presque sur la touche, obsédé par un Donbass où il ne peut plus revenir.
Paul ne peut plus manger au gâteau. Car Paul n'a pas raconté pourquoi il ne peut plus revenir dans le Donbass. La première raison sort finalement de sa bouche "le conflit dans le Donbass" n'intéresse plus les rédactions. Et pour cause, alors que les civils continent d'être massacré par les Ukrainiens, il serait de mauvais ton de laisser des farfelus comme Paul raconter sur la place publique, que "nos amis ukrainiens" poursuivent la boucherie dans le Donbass...Il serait bête d'expliquer aux Français que nous soutenons depuis trois ans le mauvais camp !
La seconde Paul ne l'évoquera pas, Paul est effectivement personna non gratta dans le Donbass. Comme beaucoup de journalistes français, Paul a en effet pris parti pour l'Ukraine teinté de néonazisme et d'ultra-nationalisme. Dans son plus fameux article qui appelait à envoyer de l'aide humanitaire...à l'armée ukrainienne.
L'article en question sur libération
Paul n'a toujours pas compris qu'il a appelé les Français à verser de l'argent pour l'armée ukrainienne qui tue des gens dans le Donbass. Comprendra t-il un jour qu'en ayant pris parti pour un camp, le second, celui des séparatistes dont il peine à cacher son mépris, ne peut décemment ne plus lui faire confiance.
C'est là le paradoxe énorme de Paul Gogo, superhéros, reporter de guerre comme le dit l'article de Libération...en Ukraine. Pour lui, pour Libé, le Donbass ne représente rien, même pas des gens qui meurent, qui meurent de leur mauvaise foi, ou dans le cas de Paul Gogo d'un désir tenace d'être différent des copains de son âge en allant finalement faire du mal à toute une population sans se rendre compte qu'il aura été manipulé par les médias dont il rêvait d'en être.
La triste histoire d'un jeune homme non exempt de qualités, authentique, mais oh combien privé d'esprit d'indépendance, littéralement enchaîne à tout un système. Si Paul Gogo avait tout quitté comme cela est affirmé dans le reportage, il aurait été le premier journaliste français installé dans le Donbass, il y serait depuis plus de trois ans, aurait vraiment suivi le conflit, serait riche d'une expérience énorme, aurait pu dire ses vérités d'une autre façon, n'aurait pas fait carrière, mais serait vraiment un héros, délivré du titre de super, simplement Paul Gogo, le jeune homme qui aura loupé le combat de sa jeunesse et qui sera toute sa vie hanté par une aventure tronquée et fausse, hanté par le Donbass...
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